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de vous exposer, dit-il, mes moyens de défense, je ne les renouvellerai pas. En vous parlant peut-être pour la dernière fois, je vous déclare que ma conscience ne me reproche rien et que mes défenseurs ne vous ont dit que la vérité. Je n’ai jamais craint que ma conduite fût examinée publiquement ; mais mon cœur est déchiré de trouver dans l’acte d’accusation l’imputation d’avoir voulu faire répandre le sang du peuple, et surtout que les malheurs du 10 août me soient attribués. J’avoue que les preuves multipliées que j’avais données dans tous les temps de mon amour pour le peuple me paraissaient m’avoir placé au-dessus de ce reproche, moi qui me serais exposé moi-même pour épargner une goutte du sang de ce peuple ! » Il sortit après ces paroles.

Qu’on le juge sans désemparer ! demande Bazire. — L’appel nominal à l’instant même ! s’écrie Duhem ; il est temps que la nation sache si elle a raison de vouloir être libre ou si c’est pour elle un crime ! — Et moi, reprend Lanjuinais, je demande que nous rapportions le décret par lequel nous nous sommes constitués juges de Louis XVI ! Voilà ma réponse à la proposition qu’on vous fait ! Que Louis XVI soit jugé, oui, c’est-à-dire que la loi soit appliquée à son procès, que les formes salutaires protectrices réservées à tous les citoyens lui soient octroyées comme à tout autre homme ; mais qu’il soit jugé par la Convention nationale, qu’il soit jugé par les conspirateurs qui se sont déclarés eux-mêmes, à cette tribune, les auteurs de la journée du 10 août !… — A l’Abbaye ! s’écrient les voix de la Montagne. — Vous vous déclarez trop ouvertement le partisan de la tyrannie ! dit Thuriot. C’est un royaliste ! il a fait le procès du 10 août, vociférèrent ensemble