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pour être à l’instant percés de mille coups. Mais à quelles horreurs ne serait pas livré Paris, Paris dont la postérité admirera le courage héroïque contre les rois, et ne concevra jamais l’ignominieux asservissement à une poignée de brigands, rebut de l’espèce humaine, qui s’agitent dans son sein et le déchirent en tous sens par les mouvements convulsifs de leur ambition et de leur fureur ! Qui pourrait habiter une cité où régneraient la désolation et la mort ? Et vous, citoyens industrieux, dont le travail fait toute la richesse et pour qui les moyens de travail seraient détruits, que deviendriez-vous ? quelles seraient vos ressources ? quelles mains porteraient des secours à vos familles désespérées ? Iriez-vous trouver ces faux amis, ces perfides flatteurs qui vous auraient précipités dans l’abîme ? Ah ! fuyez-les plutôt, redoutez leur réponse ; je vais vous l’apprendre : « Allez dans les carrières disputer à la terre quelques lambeaux sanglants des victimes que nous avons égorgées. Ou, voulez-vous du sang ? Prenez, en voici. Du sang et des cadavres, nous n’avons pas d’autre nourriture à vous offrir… » Vous frémissez, citoyens ! Ô ma patrie ! je demande acte, à mon tour, pour te sauver de cette crise déplorable !

» Mais non ! ils ne luiront jamais sur nous, ces jours de deuil. Ils sont lâches, ces assassins. Ils sont lâches, nos petits Marius. Ils savent que, s’ils osaient tenter une exécution de leurs complots contre la sûreté de la Convention, Paris sortirait enfin de sa torpeur ; que tous les départements se réuniraient à Paris pour leur faire expier les forfaits dont ils n’ont déjà que trop souillé la plus mémorable des révolutions. Ils le savent, et leur lâcheté sauvera la république de leur rage. Je suis sûr, du moins, que la liberté