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« Citoyens, s’écria-t-il en finissant, il vous a dit une grande vérité, celui qui vous disait hier que vous marchiez à la dissolution de l’Assemblée par la calomnie. Vous en faut-il d’autres preuves que cette discussion ? N’est-il pas évident que c’est moins à Louis XVI qu’on fait le procès qu’aux plus chauds défenseurs de la liberté ? Est-ce contre la tyrannie de Louis XVI qu’on s’élève ? Non, c’est contre la prétendue tyrannie d’un petit nombre de patriotes opprimés. Sont-ce les complots de l’aristocratie qu’on signale ? Non, c’est la soi-disant dictature de je ne sais quels députés du peuple qui sont là tout prêts à affecter la tyrannie. On veut conserver le tyran pour l’opposer à des patriotes sans pouvoir. Les perfides ! ils disposent de toute la puissance publique, de tous les trésors de l’État, et ils nous accusent de despotisme ! Il n’est pas un hameau dans la république où ils ne nous aient diffamés ! Ils épuisent le trésor public pour répandre leurs calomnies ! Ils violent le secret des lettres pour arrêter toutes les correspondances patriotiques ! Et ils crient à la calomnie ! Oui, sans doute, citoyens, il existe un projet d’avilir et peut-être de dissoudre la Convention à l’occasion de ce procès. Il existe, ce projet, non dans le peuple, non dans ceux qui comme nous ont tout sacrifié à la liberté, mais dans une vingtaine d’intrigants qui font mouvoir tous ces ressorts, qui gardent le silence, qui s’abstiennent d’énoncer leur opinion sur le dernier roi, mais dont la sourde et pernicieuse activité produit tous les troubles qui nous agitent. Mais consolons-nous ! la vertu, fut toujours en minorité sur la terre… (La Montagne se lève avec enthousiasme, et les battements de mains des tribunes interrompent longtemps Robespierre.) La vertu fut toujours en minorité sur la terre… Et sans