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refroidie du peuple lui-même. Attendre est toute la vengeance de la vérité.


XXII

Buzot, en votant la mort pour peine des crimes de Louis XVI, réserva aussi l’appel au peuple. « Vous êtes placés entre deux périls, je le sais, dit-il à ses collègues : si vous refusez l’appel au peuple, vous aurez un mouvement des départements contre l’exécution de votre jugement ; si vous accordez l’appel au peuple, vous aurez un mouvement à Paris, et des assassins tenteront d’égorger sans vous la victime. Mais parce que des scélérats peuvent assassiner Louis XVI, ce n’est pas une raison pour nous de nous charger du fardeau de leur crime. Quant aux outrages qui nous atteindraient nous-mêmes dans ce cas, dussé-je être la première victime des assassins, je n’en aurai pas moins le courage de dire la vérité, et j’aurai du moins en mourant la consolante espérance que ma mort sera vengée. Hommes justes ! donnez votre opinion en conscience sur Louis, et remplissez ainsi vos devoirs ! »

Robespierre, dans un second discours, accusa les Girondins de vouloir perpétuer le danger de la patrie en perpétuant un procès qu’ils voulaient faire juger par quarante-huit mille tribunaux. Puis, laissant la question elle-même pour saisir corps à corps ses ennemis et tourner contre eux l’indulgence qu’ils montraient pour le tyran :