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cruauté que vous voulez le soustraire à la peine de ses crimes ? Pour moi, j’abhorre la peine de mort ; je n’ai pour Louis ni amour ni haine, je ne hais que ses forfaits. J’ai demandé l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée constituante, et ce n’est pas ma faute si les premiers principes de la raison ont paru des hérésies morales et judiciaires. Mais vous, qui ne vous avisâtes jamais de réclamer cette abolition du supplice en faveur des malheureux dont les délits sont individuels et pardonnables, par quelle fatalité vous souvenez-vous de votre humanité pour plaider la cause du plus grand des criminels ? Vous demandez une exception à la peine de mort pour celui-là seul qui peut la légitimer ?… Un roi détrôné au sein d’une révolution non encore cimentée ! un roi dont le nom seul attire sur la nation la guerre étrangère ! Ni la prison ni l’exil ne peuvent innocenter son existence. Je prononce à regret cette fatale vérité : Louis doit mourir plutôt que cent mille citoyens vertueux ! Louis doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive ! »


XV

Le discours de Robespierre, interrompu par de sinistres applaudissements, tomba dans l’opinion comme un poids de fer dans la balance. L’éloquence et la hardiesse du sophisme étonnèrent et courbèrent les convictions. On se sentit fier d’être impitoyable comme la nécessité et tout-puissant comme la nature. On mit la nation à la place de