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lecture de la lettre de Thomas Payne. « Citoyens, dit-il, ma fille, âgée de quinze ans, a passé en Angleterre au mois d’octobre 1791, avec la citoyenne de Genlis-Sillery, son institutrice, et deux jeunes personnes élevées avec elle depuis son enfance, dont l’une est la citoyenne Henriette Sercey, orpheline, et l’autre la citoyenne Paméla Seymour, naturalisée Française depuis plusieurs années. La citoyenne Sillery a fait l’éducation de tous mes enfants, et la manière dont ils se comportent prouve qu’elle les a formés de bonne heure aux idées républicaines. Un des motifs de ce voyage de ma fille a été de la soustraire à l’influence des principes d’une femme (sa mère), très-estimable sans doute, mais dont les opinions sur les affaires présentes n’ont pas toujours été conformes aux miennes. Lorsque des raisons si puissantes retenaient ma fille en Angleterre, mes fils étaient aux armées. Je n’ai cessé d’être avec eux au milieu de vous, et je puis dire que moi, que mes enfants, ne sommes pas les citoyens qui auraient couru le moins de dangers si la cause de la liberté n’avait pas triomphé. Il est impossible, il est absurde d’envisager le voyage de ma fille comme une émigration. Mais le plus léger doute suffit pour tourmenter un père. Je vous prie donc, citoyens, de calmer mes inquiétudes. Si, par impossible, et je ne puis le croire, vous frappiez de la rigueur de la loi ma fille, quelque cruel que fût ce décret pour moi, les sentiments de la nature n’étoufferaient pas les devoirs du citoyen, et en l’éloignant de la patrie pour obéir à la loi, je prouverais de nouveau tout le prix que j’attache à ce titre de citoyen, que je préfère à tout. »

L’Assemblée renvoya dédaigneusement la demande du duc d’Orléans au comité de législation. La Convention,