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III

Nous avons laissé Louis XVI au seuil du Temple, où Pétion l’avait conduit, sans que le roi pût savoir encore s’il y entrait comme suspendu du trône ou comme prisonnier. Cette incertitude dura quelques jours.

Le Temple était une antique et sombre forteresse bâtie par l’ordre monastique des Templiers, dans le temps où ces théocraties sacerdotales et militaires, unissant la révolte contre les princes à la tyrannie contre les peuples, se construisaient des châteaux forts pour monastères, et marchaient à la domination par la double force de la croix et de l’épée.

Depuis leur chute, leur demeure fortifiée était restée debout, comme un débris d’un autre temps négligé par le temps nouveau. Le château du Temple était situé près du faubourg Saint-Antoine, non loin de la Bastille ; il enfermait, avec ses bâtiments, son palais, ses tours, ses jardins, un vaste espace de solitude et de silence, au centre d’un quartier fourmillant de peuple. Les bâtiments se composaient du prieuré ou palais de l’ordre, dont les appartements servaient d’hôtellerie passagère au comte d’Artois, quand ce prince venait de Versailles à Paris. Ce palais délabré renfermait des appartements garnis de quelques meubles antiques, de lits et de linge pour la suite du prince. Un concierge et sa famille en étaient les seuls hôtes. Un jardin