Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup d’amour pour la chose publique, on aime mieux travailler, parler et servir que paraître. J’ai cherché à rendre quelques services, jamais à remporter des succès. J’ai peu satisfait mon amour-propre ; j’ai quelquefois contenté ma conscience. Ma santé, d’ailleurs, toujours languissante depuis le mois de septembre, ne m’a pas laissé l’usage de mes facultés, je ne dis pas oratoires, mais discutantes. Car tu sais que les poumons de Duchesne sont plus puissants dans une assemblée que la raison même avec une voix grêle et aiguë. »


XX

Fonfrède écrivait à son père à la même époque : « Nous sommes environnés de traîtres et assiégés de cabales. Sieyès, Brissot et Condorcet, nos amis, sont les seules têtes de France capables de nous donner une bonne constitution. Vous connaissez les talents, le patriotisme et la probité de Vergniaud. Je le vois de près. C’est la gloire de la Convention. Il est inaccessible à toute séduction comme à toute crainte. Je ne lui connais qu’un défaut, un peu d’apathie dans le caractère et quelque propension au découragement. Guadet, homme d’un magnifique talent et d’un sublime courage, s’est immortalisé au 10 août. Sa vie répond aux calomnies dont on l’abreuve. Grangeneuve est le patriotisme vivant. Sa tête s’allume trop vite, mais il éclaire en brûlant. Gensonné est un homme de ressources. Il discute