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XV

La nouvelle du triomphe de Robespierre se répandit comme une joie publique dans la foule qui se pressait aux abords des Tuileries pour plaindre ou pour venger son tribun. La présence de Robespierre ramena le soir l’affluence aux Jacobins. À son entrée dans la salle, les spectateurs battirent des mains. « Que Robespierre parle, dit Merlin ; lui seul peut rendre compte de ce qu’il a fait aujourd’hui. — Je connais Robespierre, dit un membre du club, je suis sûr qu’il se taira. Ce jour est le plus beau qu’ait vu éclore la liberté. Robespierre, accusé, persécuté comme un factieux, triomphe. Son éloquence mâle et naïve a confondu ses ennemis. La vérité guide sa plume et son cœur. Barbaroux s’est réfugié à la barre. Le reptile ne pouvait soutenir les regards de l’aigle. »

Manuel demande à lire le discours qu’il avait préparé pour défendre Robespierre. « Robespierre n’est point mon ami, dit-il dans ce discours. Je ne lui ai presque jamais parlé, et je l’ai combattu dans le moment de sa plus grande puissance. Mais il est sorti vierge de l’Assemblée constituante. Toujours assis à côté de Pétion, ces deux hommes étaient les généraux de la liberté. Robespierre peut nous dire ce que disait un Romain : « On m’attaque dans mes discours, tant je suis innocent dans mes actions. » Robespierre n’a jamais voulu être rien. Il est pur de ces journées