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parce que l’Assemblée législative était dominée et qu’un insolent démagogue venait à sa barre lui signifier les décrets de la commune et la menaçait de faire sonner le tocsin si elle n’obéissait pas ! » Billaud-Varennes se lève et essaye de protester. Un frémissement général d’indignation se répand contre lui dans l’Assemblée. Un grand nombre de membres montrent du doigt Robespierre. Cambon se fait remarquer par la colère de son attitude. Il montre son bras à la Montagne et s’écrie : « Misérables ! voilà l’arrêt de mort du dictateur. — Robespierre à la barre ! Robespierre en accusation ! » crient de toutes parts des voix accusatrices. Le président modère cette impatience. Louvet continue. Il accuse Robespierre de tous les crimes de la commune, puis regardant Danton : « C’est alors, poursuit-il, qu’on afficha ces placards où l’on désignait comme des traîtres tous les ministres, un seul excepté, un seul et toujours le même, et puisses-tu, Danton, te justifier de cette exception devant la postérité ! C’est alors qu’on vit avec effroi reparaître à la lumière du jour un homme unique jusqu’ici dans les fastes du crime. (On regarde Marat.) Et ne croyez pas nous apaiser en désavouant aujourd’hui cet enfant perdu de l’assassinat ! Comment serait-il sorti de son sépulcre si vous ne l’en aviez tiré ? Comment l’auriez-vous récompensé s’il ne vous avait servi ? Comment le produisîtes-vous sous vos auspices à cette assemblée électorale où vous me fîtes insulter pour avoir eu le courage de demander la parole contre Marat ? Dieu ! je l’ai nommé ! (Mouvement d’horreur.) Oui, les gardes du corps de Robespierre, ces hommes armés de sabres et de bâtons qui l’accompagnaient partout, m’insultèrent en sortant de l’Assemblée électorale et m’annoncèrent qu’avant peu ils me feraient payer cher