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« Une grande conspiration menaçait de peser sur la France et avait trop longtemps pesé sur la ville de Paris. Vous arrivâtes. L’Assemblée législative était méconnue, avilie, foulée aux pieds. Aujourd’hui on veut avilir la Convention nationale, on prêche ouvertement l’insurrection contre elle. Il est temps de savoir s’il existe une faction dans sept ou huit membres de cette Assemblée, ou si ce sont les sept cent trente membres de l’Assemblée qui sont eux-mêmes une faction. Il faut que de cette lutte insolente vous sortiez vainqueurs ou avilis. Il faut, pour rendre compte à la France des raisons qui vous font conserver dans votre sein cet homme sur lequel l’opinion publique se développe avec horreur, il faut ou que par un décret solennel vous reconnaissiez son innocence, ou que vous nous purgiez de sa présence ; il faut que vous preniez des mesures contre cette commune désorganisatrice qui prolonge une autorité usurpée. En vain prodigueriez-vous des mesures partielles, si vous n’attaquez pas le mal dans les hommes qui en sont les auteurs. Je vais dénoncer leurs complots. J’aurai tout Paris pour témoin. Je pourrais m’étonner d’abord de ce que Danton, que personne n’attaquait, se soit élancé ici pour déclarer qu’il était inattaquable et pour désavouer Marat, dont on s’est servi comme d’un instrument et d’un complice dans la grande conjuration que je dénonce. » (On murmure.) Danton : « Je demande qu’il soit permis à Louvet de toucher le mal et de mettre le doigt dans la blessure. » Louvet continue : « Oui, Danton, je vais le toucher ; mais ne crie donc pas d’avance.

» Ce fut au mois de janvier dernier qu’on vit aux Jacobins succéder aux discussions profondes et brillantes qui