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Barbaroux, Buzot, Rebecqui, Salles, Lasource, Ducos, Fonfrède, Rabaut Saint-Étienne, Lanthenas et quelques autres, l’avant-garde de ce parti de la jeunesse des départements impatient de purifier la république. Vergniaud, Pétion, Condorcet, Sieyès, Brissot, s’efforçaient en vain de modérer ces jeunes gens. L’âme de madame Roland brûlait en eux. Engager leur parti malgré lui dans une lutte décisive était toute leur tactique. La temporisation leur paraissait aussi impolitique que lâche. Louvet s’était offert pour le premier coup. Le discours qu’il portait sur lui depuis plusieurs jours avait été concerté en commun dans le conciliabule de madame Roland. Elle avait allumé les sentiments, aiguisé les paroles : Louvet n’était que la voix. Ce discours était moins le discours d’un homme que l’explosion de haine de tout un parti.


IX

Robespierre, en voyant Louvet, affecta le dédain, et triompha intérieurement de voir qu’aucun orateur déjà célèbre n’avait voulu se charger de l’acte d’accusation contre lui. Ce ménagement de Vergniaud, de Gensonné et de Guadet se trahissait dans leur attitude et inspirait confiance à Robespierre. Louvet bravait même le mécontentement de son propre parti. Il sentait derrière lui la main de madame Roland qui le poussait à la lutte. Le silence rétabli, il parla ainsi :