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» Sans doute, il est beau qu’un sentiment d’humanité fasse gémir le ministre de l’intérieur sur les malheurs inséparables d’une grande révolution. Mais jamais un trône fut-il fracassé sans que ses éclats blessassent quelques citoyens ? Jamais révolution complète fut-elle opérée sans que cette vaste démolition de l’ordre de choses existant ait été funeste à quelqu’un ? Faut-il donc imputer à la ville de Paris des désastres qui, je ne le nie pas, furent peut-être l’effet de vengeances particulières, mais qui furent bien plus probablement la suite de cette commotion générale, de cette fièvre nationale dont les miracles étonneront la postérité ? Le ministre Roland a cédé à un ressentiment que je respecte, sans doute ; mais son amour passionné pour l’ordre et les lois lui a fait voir sous la couleur de faction et de complot d’État ce qui n’est que la réunion de petites et misérables intrigues dont le but dépasse les moyens. Pénétrez-vous de cette vérité qu’il ne peut exister de faction dans une république. Et où sont donc ces hommes qu’on présente comme des conjurés, comme des prétendants à la dictature et au triumvirat ? Qu’on les nomme ! je déclare que tous ceux qui parlent de la faction Robespierre sont à mes yeux ou des hommes prévenus ou de mauvais citoyens ! »


VI

Les premiers mots de Danton avaient été accueillis avec une faveur que la franchise de son attitude et la mâle éner-