Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des commissaires chargés de lui demander fraternellement communication de ses papiers. Oui, nous avons illégalement sauvé la patrie ! »


XXIII

Marat demande à son tour à être entendu. Au nom, à l’aspect, à la voix de Marat, un murmure de dégoût s’élève et des cris : À bas de la tribune ! ferment quelque temps la bouche à l’ami du peuple. Lacroix réclame le silence même pour Marat. La curiosité plutôt que la justice l’obtient de l’Assemblée.

« J’ai dans cette Assemblée un grand nombre d’ennemis personnels, dit Marat en débutant. — Tous, tous ! s’écrie la Convention presque entière en se levant de ses bancs. — J’ai dans cette Assemblée un grand nombre d’ennemis, reprend Marat ; je les rappelle à la pudeur. Qu’ils n’accablent pas de huées et de menaces un homme qui s’est dévoué pour la patrie et pour leur propre salut ! Qu’ils m’écoutent un instant en silence. Je n’abuserai pas de leur patience. Je rends grâce à la main cachée qui a jeté parmi nous un vain fantôme pour intimider les âmes faibles, pour diviser les citoyens, pour dépopulariser la députation de Paris et pour l’accuser d’aspirer au tribunat. Cette inculpation ne peut avoir aucune vraisemblance qu’en s’appliquant à moi. Eh bien, je déclare que mes collègues, notamment Robespierre et Danton, ont constamment im-