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mairie. Vous vous souvenez que je m’écriai, quelques jours avant le 10 août : « Il faut purger le château des conjurés qui le remplissent ; nous n’avons de salut que dans une sainte insurrection. » Vous ne voulûtes pas me croire. Vous me répondîtes que le parti aristocrate était abattu et qu’il n’y avait rien à craindre. Je me séparai de vous. Nous formâmes un comité secret. Un jeune Marseillais, brûlant de patriotisme, vint nous demander des cartouches. Nous ne pouvions lui en donner sans votre signature. Nous n’osions vous la demander, parce que vous étiez trop confiant. Il se mit le pistolet sous la gorge et cria : Je me tue si vous ne me donnez pas les moyens de défendre ma patrie. Ce jeune homme nous arracha des larmes. Nous signâmes. Quant à Barbaroux, j’atteste par serment que je ne lui ai jamais parlé de dictature ! Quels sont ses témoins ? — Moi, reprend Rebecqui. — Vous êtes l’ami de Barbaroux : je vous récuse. Quant aux opérations du comité, je suis prêt à les justifier. — Par quel motif, lui demande Brissot indigné, avez-vous lancé un mandat d’arrêt contre un député ? N’était-ce pas pour le faire immoler avec les prisonniers de l’Abbaye ? — Nous vous avons sauvés, et vous nous calomniez ! reprend Panis. On se reporte assez aux circonstances terribles où nous nous trouvions. Nous étions entourés de citoyens irrités des trahisons de la cour. On nous criait : « Voici un aristocrate qui se sauve ; il faut l’arrêter, ou vous êtes vous-mêmes des traîtres. » Par exemple, beaucoup de bons citoyens vinrent nous dire que Brissot partait pour Londres avec des preuves écrites de ses machinations. Je ne croyais pas moi-même à cette inculpation ; mais elle était affirmée par d’excellents citoyens, reconnus pour tels par Brissot lui-même. J’envoyai chez lui