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XVII

Les Jacobins cependant se repeuplaient depuis deux jours. Marat et Robespierre y reparurent.

La Convention commença ses travaux. Elle entendit d’abord avec faveur un rapport énergique de Roland, qui proclamait les vrais principes d’ordre et de légalité, et qui demandait à l’Assemblée d’assurer sa propre dignité contre les mouvements populaires, par une force armée consacrée à la sécurité nationale. Le moment était opportun pour attaquer la commune et flétrir ses excès. Dans la séance du 24 septembre, Kersaint, gentilhomme breton, officier de marine intrépide, écrivain politique éloquent, réformateur dévoué à la régénération sociale, lié dès le premier jour avec les Girondins par un même amour pour la liberté, par une même horreur du crime, demanda tout à coup, à propos d’un désordre aux Champs-Élysées, qu’on nommât des commissaires pour venger la violation des premiers droits de l’homme, la liberté, la propriété, la vie des citoyens. « Il est temps, s’écria Kersaint, d’élever des échafauds pour les assassins et pour ceux qui provoquent à l’assassinat. » Puis, se tournant du côté de Robespierre, de Marat, de Danton, et paraissant diriger contre eux une allusion sanglante : « Il y a peut-être, poursuivit-il d’une voix tonnante, il y a peut-être quelque courage à s’élever ici contre les assassins !… » L’Assemblée frémit et applaudit.