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combustibles. Des affiches de toutes les formes, de toutes les dimensions, de toutes les couleurs, arrêtaient les passants dans les carrefours ; des sociétés populaires avaient leurs tribunes et leurs orateurs dans tous les quartiers. L’affaire publique était devenue tellement l’affaire de chacun, que ceux même d’entre le peuple qui ne savaient pas lire se groupaient dans les marchés et dans les places autour de lecteurs ambulants qui lisaient et commentaient pour eux les feuilles publiques.

Parmi tous ces noms d’hommes, de députés, d’orateurs, retentissant à ses oreilles, le peuple choisissait quelques noms favoris. Il se passionnait pour ceux-là, s’irritait contre leurs ennemis ; il confondait sa cause avec la leur. Mirabeau, Pétion, Marat, Danton, Barnave, Robespierre, avaient été ou étaient encore tour à tour ces personnifications de la foule. Mais de toutes ces popularités, aucune ne s’était plus lentement et plus profondément enracinée dans l’esprit des masses que celle du député d’Arras.


XV

Cette popularité avait été un moment éclipsée après le 10 août par celle des hommes d’action de cette journée, tels que Danton et Marat ; mais cet oubli du peuple n’avait pas été long pour son favori. On a vu que Robespierre, appelé au conseil de la commune le lendemain de la victoire, avait pris une part active à ses délibérations, rédigé ses