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pour laisser éclater un gilet blanc, une culotte courte de couleur jaune, des bas blancs, des souliers à boucles d’argent, formaient son costume invariable pendant toute sa vie publique. On eût dit qu’il voulait, en ne changeant jamais de forme et de couleur dans ses vêtements, imprimer de lui une image toujours la même, et comme une médaille de sa figure dans le regard et dans l’imagination de la foule.


XIII

Les traits et l’expression de son visage trahissaient la tension perpétuelle d’un esprit qui s’efforce. Ces traits se détendaient et se déridaient jusqu’à la gaieté dans l’intérieur, à table, ou le soir autour du feu de copeaux, dans la salle basse du menuisier. Ses soirées se passaient toutes en famille, à causer des émotions du jour, des plans du lendemain, des conspirations des aristocrates, des dangers des patriotes, des perspectives de félicité publique après le triomphe de la Révolution. C’était la nation en miniature avec ses mœurs simples, ses ombrages et quelquefois ses attendrissements.

Un très-petit nombre d’amis de Robespierre et de Duplay étaient admis, tour à tour, dans cette intimité : les Lameth et Pétion dans les premiers temps ; assez rarement Legendre ; Merlin de Thionville, Fouché, qu’aimait la sœur de Robespierre et que Robespierre n’aimait pas ; souvent Taschereau, Coffinhal, Panis, Sergent, Piot ; tous les soirs