Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la maison, l’autre par Simon Duplay, secrétaire de Robespierre et neveu de son hôte. Ce jeune homme, dont le patriotisme était aussi ardent que les opinions, brûlait de donner son sang à la cause dont Robespierre était l’âme. Enrôlé comme volontaire dans un régiment d’artillerie, il eut la jambe gauche emportée par un boulet de canon à la bataille de Valmy.

La chambre du député d’Arras ne contenait qu’un lit de noyer couvert de damas bleu à fleurs blanches, une table et quatre chaises de paille. Cette pièce lui servait à la fois pour le travail et pour le sommeil. Ses papiers, ses rapports, les manuscrits de ses discours écrits de sa main, d’une écriture régulière, mais laborieuse et raturée, étaient classés avec soin sur des tablettes de sapin contre la muraille. Quelques livres choisis et en très-petit nombre y étaient rangés. Presque toujours un volume de Jean-Jacques Rousseau ou de Racine était ouvert sur sa table, et attestait sa prédilection philosophique et littéraire pour ces deux écrivains.

C’est là que Robespierre passait la plus grande partie de sa journée, occupé à préparer ses discours. Il n’en sortait que pour se rendre le matin aux séances de l’Assemblée, et le soir à sept heures, pour aller aux Jacobins. Son costume, même à l’époque où les démagogues affectaient de flatter le peuple en imitant le cynisme et le débraillement de l’indigence, était propre, décent, correct comme celui d’un homme qui se respecte dans le regard d’autrui. Le soin un peu recherché de sa dignité et de son style se marquait jusque dans son extérieur. Une chevelure poudrée à blanc et relevée en ailes sur les tempes, un habit bleu-clair boutonné sur les hanches, ouvert sur la poitrine