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l’impopularité qui s’attachait à lui par deux discours dans lesquels il jetait d’une main le défi aux ennemis de la France, de l’autre la menace aux tyrans de la commune. Le premier discours, prononcé au moment où l’on annonçait la prétendue déroute de Dumouriez dans l’Argonne, avait relevé l’esprit public et fait une diversion puissante aux hostilités intestines de la commune et des Girondins. Coustard venait d’énumérer les forces qui restaient à Dumouriez. Vergniaud lui succéda à la tribune.

« Les détails que l’on vous donne sont rassurants, dit-il ; cependant il est impossible de se défendre de quelques inquiétudes quand on voit le camp sous Paris. D’où vient cette torpeur dans laquelle paraissent ensevelis les citoyens qui sont restés à Paris ? Ne dissimulons rien, il est temps de dire enfin la vérité. Les proscriptions passées, le bruit des proscriptions futures, les troubles intérieurs ont répandu la consternation et l’effroi. L’homme de bien se cache quand on est parvenu à cet état de choses où le crime se commet impunément. Il est des hommes, au contraire, qui ne se montrent que dans les calamités publiques, comme il est des insectes malfaisants que la terre ne produit que dans les orages. Ces hommes répandent sans cesse les soupçons, les méfiances, les jalousies, les haines, les vengeances. Ils sont avides de sang. Dans leurs propos séditieux ils aristocratisent la vertu même pour avoir le droit de la fouler aux pieds. Ils démocratisent le crime pour pouvoir s’en rassasier sans craindre le glaive de la justice. Tous leurs efforts tendent à déshonorer aujourd’hui la plus belle des causes, afin de soulever contre elle les nations amies de la Révolution. Ô citoyens de Paris ! je vous le demande avec la plus profonde émotion, ne démasquerez--