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qu’on lise mes ouvrages ; je défie la malveillance d’y trouver un seul acte, un seul sentiment, dont j’aie à rougir. Pendant quarante ans d’administration, j’ai fait le bien. Je n’aime pas le pouvoir. Soixante ans de travaux me rendent la retraite préférable à une vie agitée. On m’accuse de machiner avec la faction de Brissot : j’estime Brissot parce que je lui reconnais autant de pureté que de talent. J’ai admiré le 10 août ; j’ai frémi des suites du 2 septembre. J’ai compris la colère du peuple, mais j’ai voulu qu’on arrêtat les assassinats. Moi-même j’ai été désigné pour victime. Que des scélérats provoquent les assassins contre moi, je les attends ; je suis à mon poste, je saurai mourir. »


V

Brissot, dont le nom était devenu la dénomination de tout un parti, avait été contraint de se défendre aussi contre l’accusation de vouloir rétablir la monarchie en France sur la tête du duc de Brunswick. Pétion ne cessait, dans ses réclamations ou dans ses discours à l’Assemblée, de rappeler ses anciens services et ses titres à la confiance du peuple. C’était indiquer qu’on les oubliait. Le nom de madame Roland, sans cesse mêlé à celui de ses amis, était jeté couvert d’insinuations odieuses à l’envie et à la risée de l’opinion. Vergniaud lui-même était outragé, menacé, désigné par son nom et par son génie aux sicaires de septembre. Deux fois Vergniaud avait étouffé sous ses pieds