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écrin de la monarchie fut retrouvée enfouie dans les Champs-Élysées ; le reste disparut sans laisser de trace. Danton fut véhémentement soupçonné d’avoir employé à solder les troupes de Dumouriez et à corrompre l’état-major du roi de Prusse une partie des valeurs dérobées, pour en payer la libération du sol de la patrie. Les meneurs ténébreux de la commune, parmi lesquels les coupables avaient évidemment des complices, furent accusés d’en avoir employé l’autre partie à salarier l’anarchie et à perpétuer leur domination ; accusations vagues, soupçons sans preuves, que le temps n’a ni justifiés complétement ni complétement démentis.

Accusé avec acharnement par Marat, Roland répondit par une adresse aux Parisiens. Ses coups dépassaient Marat et portaient sur la commune, dont la lutte avec l’Assemblée s’envenimait tous les jours. « Avilir l’Assemblée nationale, porter à la révolte contre elle, répandre la défiance entre les autorités et le peuple, voilà le but des affiches et des feuilles de Marat, disait Roland. Lisez celle du 8 septembre, où tous les ministres, excepté Danton, sont voués à l’animadversion publique et accusés de trahison ! Si ces diatribes étaient anonymes ou signées de quelque nom obscur, je les dédaignerais ; mais elles portent le nom d’un homme que le corps électoral et la commune comptent parmi leurs membres, et qu’on parle de porter à la Convention. Un tel accusateur me force de répondre ; et si cette réponse devait être mon testament de mort, je la ferais encore, pour qu’elle fût utile à mon pays. Je suis né avec la fermeté de caractère qui soutient la vertu, je méprise la fortune, j’aime la gloire honnête, je ne puis vivre qu’en paix avec ma conscience. Qu’on prenne ma vie et