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nait rien, la faveur tout. De plus, une alliance aussi vieille que la monarchie unissait la religion à la royauté ; renverser l’une, c’était renverser l’autre. La France avait deux habitudes séculaires : la royauté et le catholicisme. L’opinion et la conscience s’y tenaient ; on ne pouvait déraciner l’une sans agiter l’autre. La royauté de moins, le catholicisme, comme une institution souveraine et civile, tombait avec elle. Au lieu d’une ruine, il en fallait deux.

Enfin, la famille royale en France, qui considérait la royauté comme son apanage inaliénable et le pouvoir souverain comme une légitimité de son sang, s’était confondue par les mariages, par les parentés, par les alliances, avec toutes les familles souveraines de l’Europe. Attaquer les droits de la royauté en France, c’était les atteindre ou les menacer dans l’Europe entière. Les familles royales n’étaient qu’une seule famille ; les couronnes étaient solidaires. Supprimer le titre et les droits de la royauté à Paris, c’était supprimer l’héritage et le droit des rois dans toutes leurs capitales ; c’était, de plus, bouleverser et intervertir tous les rapports extérieurs de la France avec les États européens, fondés sur une politique de famille, et les fonder désormais sur une politique d’intérêts nationaux. L’exemple était menaçant, la guerre certaine, terrible, universelle. Voilà ce que l’histoire disait tout bas aux Girondins.