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peine rentrées dans leurs lignes le lendemain du combat de Valmy, que le duc de Brunswick envoya au camp de Kellermann le général prussien Heymann et le colonel Manstein, adjudant général du roi de Prusse, sous prétexte de négocier un cartel d’échange des prisonniers des deux armées. Dumouriez, averti par Kellermann, se rendit à la conférence. Elle fut longue, intime, flatteuse du côté des Prussiens ; fière, réservée, presque silencieuse du côté de Dumouriez. Un mot pouvait le perdre, un geste pouvait le trahir ; il négociait avec l’ennemi de sa patrie, ayant à côté de lui son rival dans Kellermann, et derrière lui les commissaires ombrageux de la Convention. « Colonel, répondit-il aux ouvertures du roi de Prusse et du duc de Brunswick, vous m’avez dit qu’on m’estimait dans l’armée prussienne ; je croirais qu’on m’y méprise, si l’on me jugeait capable d’écouter de telles propositions. » On se borna à convenir d’une suspension d’armes sur le front des deux armées.


IV

Or, la nuit même qui suivit cette conférence officielle, Westermann et Fabre d’Églantine, agents confidentiels de Danton, arrivèrent au camp sous prétexte de réconcilier Dumouriez et Kellermann, mais avec la mission secrète d’autoriser et de presser les négociations sur la base d’une prompte évacuation du territoire. Pendant la même nuit, le