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noblesse et du commandement ; pour auxiliaires, les régiments d’élite de l’armée autrichienne récemment accourus des bords du Danube, où ils venaient de s’aguerrir contre les Turcs ; une noblesse française émigrée, portant avec elle tous les grands noms de la monarchie, dont chaque soldat combattait pour sa propre cause et avait son injure à venger, son roi à sauver, sa patrie à recouvrer au bout de sa baïonnette ou à la pointe de son sabre ; des généraux prussiens, tous élèves d’un roi militaire, ayant à maintenir la supériorité de leur renom en Europe ; un généralissime que l’Allemagne proclamait son Agamemnon et que le génie de Frédéric couvrait d’un prestige d’invincibilité ; enfin, un roi brave, adoré de son peuple, cher à ses troupes, vengeur de la cause de tous les rois, accompagné des représentants de toutes les cours sur le champ de bataille, et suppléant à l’inexpérience de la guerre par une intrépidité personnelle qui oubliait son rang pour ne se souvenir que de son honneur : voilà l’armée prussienne.


XI

Dans le camp français, une infériorité numérique de un contre deux ; des régiments réduits à trois ou quatre cents hommes par l’effet des lois de 1790, qui avaient supprimé les engagements à prix d’argent ; ces régiments privés de leurs meilleurs officiers par l’émigration, qui en avait entraîné plus de la moitié sur la terre ennemie, et par la