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ses chevaux, de ses équipages et de ses canons, Kellermann ne pouvait développer les bras de son armée. Le choc qui s’avançait ressemblait plus à l’assaut d’une brèche défendue par une masse d’assiégés qu’au champ de bataille préparé pour les évolutions de deux armées.

Du haut de ce plateau, Kellermann voyait sortir successivement de la brume blanche du matin et briller au soleil la nombreuse cavalerie prussienne. Elle filait par escadrons en tournant le monticule de Gizaucourt, et menaçait de l’envelopper comme dans un filet s’il venait à être forcé dans sa position. Des bataillons d’infanterie contournaient également le plateau de Valmy. Vers dix heures, le duc de Brunswick ayant formé toute son armée sur deux lignes et conçu le plan de sa journée, on vit se détacher du centre et s’avancer vers les pentes de Gizaucourt et de la Lune une avant-garde composée d’infanterie, de cavalerie et de trois batteries. Le duc de Brunswick, à cheval, entouré d’un groupe d’officiers, dirigeait lui-même ce mouvement. L’armée reforma sa ligne. De nouvelles troupes comblèrent le vide que ce corps détaché laissait dans le centre. À l’aide de lunettes d’approche on distinguait le roi lui-même, en uniforme de général, monté sur un cheval de bataille et reformant en arrière deux fortes colonnes d’attaque qu’il animait du geste et de l’épée.