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ligne de Dumouriez, et formait ainsi avec l’armée principale un angle rentrant dans lequel l’ennemi ne pouvait lancer ses colonnes d’attaque sans être foudroyé à la fois et sur les deux flancs par l’artillerie des deux corps français. Dumouriez, s’apercevant à l’instant que Kellermann, trop engagé et trop isolé sur le plateau de Valmy, pouvait être tourné par les masses prussiennes, envoya le général Chazot, à la tête de huit bataillons et huit escadrons, pour se poster derrière la hauteur de Gizaucourt et se mettre aux ordres de Kellermann. Il ordonna au général Stengel et à Beurnonville de se développer avec vingt-six bataillons sur la droite de Valmy, où son coup d’œil lui montrait d’avance le point d’attaque du duc de Brunswick. L’isolement de Kellermann se trouva ainsi corrigé, et Valmy lié par la droite et par la gauche à l’armée principale. Le plan de Dumouriez, légèrement et heureusement modifié par la témérité de son collègue, était accompli. Ce plan se révélait du premier regard à l’intelligence de l’homme de guerre et de l’homme politique. Le défi était porté par quarante-cinq mille hommes aux quatre-vingt-dix mille combattants de la coalition.


VII

L’armée française avait son flanc droit et sa retraite couverts par l’Argonne, inabordable à l’ennemi et qui se défendait par ses ravins et ses forêts. Le centre, hérissé de