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taillons armés qui lui arriveraient de l’intérieur, réserve que Dumouriez se préparait en cas de revers dans une bataille.

Ces ordres partis, il manie ses propres troupes pour la manœuvre qu’il veut exécuter lui-même dans la nuit. Il dirige sur les hauteurs qui couvrent la gauche de Grandpré du côté de la Croix-au-Bois, où Clairfayt l’inquiète, six bataillons, six escadrons, six pièces de canon en observation contre une attaque inopinée des Autrichiens. Il fait, à la tombée de la nuit, filer silencieusement son parc d’artillerie par les deux ponts qui traversent l’Aisne, et le dirige sur les hauteurs d’Autry. Aucun mouvement apparent dans son corps d’armée ou dans ses avant-postes ne révèle à l’ennemi l’intention d’une retraite de l’armée française.

Le prince de Hohenlohe fait demander une entrevue à Dumouriez dans la soirée pour juger de l’état de cette armée : Dumouriez l’accorde. Il se fait remplacer dans cette conférence par le général Duval, dont l’âge avancé, les cheveux blancs, la haute taille, l’attitude martiale et majestueuse, imposent au général autrichien. Duval affecte la contenance de la sécurité. Il annonce au prince que Beurnonville arrive le lendemain avec dix-huit mille hommes, et que Kellermann arrive à la tête de trente mille combattants. Découragé dans ses tentatives de négociations par l’attitude de Duval, le général autrichien se retire convaincu que Dumouriez attendra le combat dans son camp.