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décorations militaires, enlevées aux prisonniers, pendait sur le poitrail de son cheval.

L’Assemblée, informée des événements d’Orléans, décréta, par l’organe de Vergniaud, que la colonne n’entrerait pas dans Paris. Les commissaires envoyés à Étampes pour arrêter la marche de Fournier furent intimidés par Léonard Bourdon. On foula aux pieds le décret et on marcha sur Versailles. Cependant les bourreaux du 2 septembre attendaient le cortége à Arpajon. Ces hommes se joignirent à l’escorte et arrivèrent en même temps que le convoi aux portes de Versailles. Le maire de Versailles, Richaud, informé du danger, prit toutes les mesures que lui commandaient la prudence et l’humanité. Fournier et Lazouski, avec deux mille hommes et du canon, avaient une force suffisante pour prévenir un attentat. Mais tout semblait disposé par eux pour livrer leur dépôt au lieu de le défendre. Les canons et la cavalerie de l’escorte précédaient à une distance considérable les voitures. Une faible haie de cinq hommes de file marchait à droite ou à gauche de la route. Le maire, accompagné de quelques conseillers municipaux et de quelques officiers de la garde nationale, imposait seul par sa présence et par ses paroles aux assassins. Bien que ce fût un dimanche, à l’heure où le peuple se répand pour se livrer à l’oisiveté de ce jour, les rues de la ville étaient désertes. La bande d’égorgeurs qui épiait cette proie ne comptait pas plus de quarante ou cinquante hommes. Ils laissèrent les chariots arriver jusqu’à la grille du jardin qui conduit à la Ménagerie. C’était là qu’on avait préparé la halte pour cette nuit. Aussitôt que Fournier, les canons et la cavalerie de l’escorte eurent passé la grille, on la referma sur eux. Fournier, soit surprise réelle, soit simu-