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tique dans sa piété, homme de bien dans sa vie, il voyait dans la Révolution une épreuve de feu par laquelle Dieu faisait passer les enfants du siècle pour reconnaître les siens et les glorifier dans le martyre. Il offrait son sang. Il avait l’impatience du sacrifice. Sa fille l’avait suivi volontairement dans son cachot. Prévoyant le massacre, elle avait cherché et rencontré des protecteurs dans les Marseillais qui gardaient les prisonniers. La touchante jeunesse, la piété filiale, l’aimable familiarité de la jeune fille, avaient amolli la rudesse de ces hommes. Ils lui avaient promis son père. Ils tinrent parole. Cazotte, interrogé par le tribunal, répondit comme un homme qui veut obstinément mourir. « Ma femme ! mes enfants ! s’écriait-il, ne pleurez pas ! Ne m’oubliez pas ! mais souvenez-vous surtout de Dieu ! Je veux mourir comme j’ai vécu : fidèle à mon Dieu et à mon roi. » Sa fille, ne pouvant l’empêcher de se jeter à la mort, s’y précipita avec lui.


XIII

Les Marseillais compatissants la suivirent dans la cour ; ils abaissèrent de la main les sabres et les piques levés sur elle. Ils demandèrent grâce pour ces deux vies inséparables l’une de l’autre. Ils firent traverser à leur protégée cette mare de sang. Ils lui remirent son père et les firent conduire en lieu de sûreté.

Cette grâce ne fut qu’un répit pour Cazotte. Repris quel-