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était de niveau avec les rangs élevés de l’Assemblée. Elle n’était séparée de la salle que par une grille en fer scellée dans le mur. On y conduisit le roi. Les jeunes secrétaires qui notaient les discours pour reproduire littéralement les séances se rangèrent un peu pour prêter place à la famille de Louis XVI. Le roi s’assit sur le devant de la loge ; la reine dans un angle, pour voiler son visage par l’ombre d’un enfoncement ; Madame Élisabeth, les enfants, leur gouvernante, sur une banquette de paille adossée au mur nu ; dans le fond de la loge, les deux ministres, quelques officiers de la maison du roi, le duc de Choiseul, Carl, commandant de la gendarmerie à cheval. M. de Sainte-Croix, M. Dubouchage, le prince de Poix, MM. de Vioménil, de Montmorin, d’Hervilly, de Briges, courtisans de la dernière heure, se tinrent debout près de la porte. Un poste de grenadiers de la garde de l’Assemblée, avec quelques officiers supérieurs de l’escorte du roi, remplissait le couloir et interceptait l’air. La chaleur était étouffante, la sueur ruisselait du front de Louis XVI et des enfants. L’Assemblée et les tribunes, qui s’encombraient de minute en minute, exhalaient l’haleine d’une fournaise dans cette étroite embouchure. L’agitation de la salle, les motions des orateurs, les pétitions des sectionnaires, le bruit des conversations entre les députés, y montaient du dedans. Les tumultes du peuple qui pressait les murs, les assauts donnés aux portes pour forcer les consignes, les vociférations des rassemblements, les cris des sicaires qui commençaient à égorger dans la cour du Manége, les supplications des victimes, les coups qui assénaient la mort, les corps qui tombaient, tous ces bruits y pénétraient du dehors.

À peine le roi était-il dans cet asile, qu’un redoublement