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XIII

Le roi s’avança dans la cour Royale, suivi de MM. de Boissieu et de Menou, maréchaux de camp, commandant au château ; de MM. de Maillardoz et de Bachmann, officiers supérieurs des Suisses ; de M. de Lajard, ancien ministre de la guerre ; de M. Dubouchage, ministre de la marine, et du prince de Poix-Noailles, ancien capitaine des gardes du corps. Le bruit des tambours qui battaient aux champs, les commandements des officiers qui ordonnaient de porter les armes, les acclamations de la foule des royalistes qui se pressaient aux portes, aux fenêtres, sur les balcons du château, et qui élevaient leurs chapeaux en l’air en criant : « Vive le roi ! » entraînèrent un peu les bataillons et leur arrachèrent quelques derniers cris de fidélité. La reine, Madame Élisabeth, les femmes, les serviteurs qui les entouraient, pleurèrent de joie en contemplant du haut du balcon de la salle des Gardes ces signes d’attachement. Cette joie fut courte et inquiète. Deux bataillons douteux entrèrent dans les cours pendant la revue. Silencieux et mornes, ils contrastaient avec les bataillons dévoués. Les canonniers, jusque-là impassibles, allèrent fraterniser avec eux. M. de Boissieu jugea qu’il était prudent d’éloigner ces bataillons, et leur assigna leur place plus loin du palais, sur la terrasse du bord de la Seine. Ils défilèrent devant le roi pour s’y rendre, aux cris de : « Vive la nation ! »