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Rœderer qu’il y avait au château une résolution arrêtée d’accepter la bataille et qu’on y voulait une victoire pour imposer à l’Assemblée. Il insinua au moins que le roi écrivît au corps législatif et lui demandât assistance. M. Dubouchage combattit encore cette idée. « Si cette idée ne vaut rien, reprit Rœderer, que deux ministres se rendent à l’Assemblée et lui demandent d’envoyer des commissaires au château ! »

On adopta ce parti. MM. de Joly et Champion sortirent pour se rendre à l’Assemblée.

L’Assemblée délibérait tranquillement sur la traite des nègres quand les deux ministres se présentèrent. M. de Joly, ministre de la justice, peignit les périls de la situation, l’urgence des mesures, et déclara que le roi désirait qu’une députation de la représentation nationale vînt s’associer à ses efforts pour préserver la constitution et protéger par sa présence la sûreté de sa famille. L’Assemblée passa dédaigneusement à l’ordre du jour. Elle était peu nombreuse, distraite, comme assoupie, et dans l’attitude des corps politiques qui attendent une grande ruine et qui se tiennent à l’écart de l’événement.


VIII

MM. de Joly et Champion sortirent découragés. Rœderer et les ministres étaient restés en conférence dans la petite pièce attenante à la chambre du roi. Les membres du dé-