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que vous ne le pensez, répliqua le procureur du département, puisqu’au dernier vote monarchique quatre cents de ses membres contre deux cents ont voté pour La Fayette. Au reste, entre les dangers je choisis le moindre, et je propose le seul parti que la destinée laisse ouvert au salut du roi. »


VII

La reine, avec un accent de résolution, comme si elle eût cherché à se rassurer elle-même par le son de sa propre voix : « Monsieur, lui dit-elle, il y a ici des forces ; il est temps de savoir qui l’emportera enfin du roi ou des factions. » Rœderer proposa d’entendre le commandant général qui avait succédé à l’infortuné Mandat : c’était La Chesnaye. On le fit appeler ; il vint. On lui demanda si l’état des dispositions extérieures de défense était suffisant pour rassurer le château, et s’il avait pris des mesures pour arrêter les colonnes qui marchaient sur la demeure du roi. La Chesnaye répondit affirmativement et ajouta que le Carrousel était gardé ; puis adressant la parole d’un ton d’humeur et de reproche à la reine : « Madame, lui dit-il, je ne dois pas vous dissimuler que les appartements sont pleins de gens inconnus qui circonviennent le roi, et dont la présence offusque et aigrit la garde nationale. — La garde nationale a tort, répondit la reine ; ce sont des hommes sûrs. » L’attitude et le langage de Marie-Antoinette convainquirent