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Saint-. Il plaça également un bataillon avec deux pièces de canon au Pont-Neuf pour disputer le passage de ce pont aux Marseillais, les refouler dans le faubourg Saint-Germain et les rejeter vers le Pont-Royal, où le canon du pavillon de Flore les foudroierait à leur apparition. À ces dispositions, bonnes en elles-mêmes, il ne manquait que des troupes solides pour les exécuter. À peine Mandat avait-il donné ces ordres, qu’un arrêté de la municipalité l’appela à l’hôtel de ville pour venir rendre compte de l’état du château et des mesures qu’il avait prises pour maintenir la sûreté de Paris.

À la réception de cet arrêté, Mandat hésite entre ses pressentiments et son devoir légal. D’après la loi, la municipalité avait la garde nationale sous son autorité et pouvait appeler son commandant. Mandat, d’ailleurs, ignorait que cette municipalité, changée violemment par les sections, n’était plus qu’un comité d’insurrection. Il consulte Rœderer, qui, dans la même ignorance du changement opéré à l’hôtel de ville, lui conseille de s’y rendre. Mandat, comme averti par un présage intérieur, cherche des prétextes, invente des excuses, tente des délais. Il se décide enfin à partir. Son fils, enfant de douze ans, s’obstine à l’accompagner. Mandat monte à cheval, et, suivi de son fils et d’un seul aide de camp, il se rend par les quais à l’hôtel de ville. Il monte les marches du perron. Son âme se trouble à l’aspect de ces visages austères et inconnus. Il comprend qu’il a à répondre devant des conspirateurs des mesures prises contre le succès de la conspiration. « Par quel ordre, lui dit Huguenin, as-tu doublé la garde du château ? — Par l’ordre de Pétion, répond en balbutiant l’infortuné Mandat. — Montre cet ordre. — Je l’ai