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leur devoir sans espérance et sans illusion ; sûrs de l’ingratitude de la cour si la royauté triomphait, sûrs de mourir si le peuple était vainqueur.

Dévouement austère qui n’avait son prix qu’en lui-même ; mort ingrate et méconnue, seul rôle que le malheur des temps laissât à cette noblesse, qui voulait rester à la fois fidèle comme les chevaliers et nationale comme les citoyens ! Le vieux et intrépide maréchal de Mailly, âgé de quatre-vingts ans, mais jeune de dévouement à son malheureux maître, dont il était aussi l’ami, passa la nuit, armé, debout, à la tête de ces gentilshommes. MM. d’Hervilly, de Pont-Labbé, de Vioménil, de Casteja, de Villers, de Lamartine, de Virieu, du Vigier, de Clermont-d’Amboise, de Bouves, d’Autichamp, d’Allonville, de Maillé, de Chastenay, de Damas, de Puységur, tous militaires de grades et d’armes divers, commandaient sous le maréchal de Mailly des pelotons de cette troupe d’élite.


XVIII

On divisa ce corps de réserve en deux compagnies, l’une sous les ordres de M. de Puységur, lieutenant général, et de M. de Pont-Labbé, maréchal de camp ; l’autre ayant pour capitaine M. de Vioménil, lieutenant général, et pour lieutenant M. d’Hervilly, naguère commandant de la garde constitutionnelle dissoute. Ces officiers avaient espéré trouver des armes de combat au château. On avait négligé cette