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Jalès, le fortifia, y établit le quartier général du soulèvement, fit prêter à ces rassemblements un serment de fidélité au roi seul et à la religion antique. Les jeunes gentilshommes de la contrée amenèrent successivement à ce chef leurs détachements ; des prédicateurs les enflammèrent au nom de la foi. De jeunes filles à cheval, vêtues et armées en amazones, parcouraient les rangs, distribuaient les signes de la révolte, les cœurs de Jésus sur la poitrine, les croix d’or au chapeau. Elles réveillaient au nom de l’amour l’héroïsme de l’ancienne chevalerie ; cette race pieuse, enthousiaste et intrépide des Cévennes, se levait à leur voix. L’insurrection, qui semblait isolée dans ce pays inaccessible, avait des intelligences avec Lyon, et promettait à cette ville des renforts et des communications avec le Midi, pour le jour où Lyon tenterait sa contre-révolution. En traversant le Rhône, au pied du mont Pilate, l’armée de Jalès se trouvait en contact avec le Piémont par les Basses-Alpes ; en s’étendant dans le bas Languedoc, elle touchait aux Pyrénées et à l’Espagne : Dusaillant avait admirablement posté le noyau de la guerre civile. Le cœur du pays, le cours du Rhône, le nœud de la France méridionale, étaient à lui s’il eût triomphé.


III

L’Assemblée le comprit. Les patriotes s’inquiétèrent à Lyon, à Nîmes, à Valence, dans toutes les villes du Midi.