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et en décrétant que les gardes nationaux et les fédérés qui s’y rendraient seraient logés chez les citoyens. Le roi intimidé sanctionna ce décret. Un camp sous Soissons fut résolu. Les routes se couvrirent d’hommes en marche vers Paris. Luckner évacua sans combat la Belgique. Les cris de trahison retentirent dans tout l’empire. Strasbourg demanda des renforts. Le prince de Hesse, révolutionnaire expatrié au service de la France, proposa à l’Assemblée d’aller défendre Strasbourg contre les Autrichiens, et de faire porter devant lui son cercueil sur les remparts, pour se rappeler son devoir et pour ne se laisser d’autre perspective que son trépas. Sieyès demanda qu’on élevât sur les quatre-vingt-trois départements l’étendard du péril de la patrie. « Mort à l’Assemblée, mort à la Révolution, mort à la liberté, si la guillotine d’Orléans ne fait pas justice de La Fayette ! » tel était le cri unanime aux Jacobins.


III

L’Assemblée répondit à ces clameurs de mort par des émotions convulsives. Enfin, une de ces grandes voix qui résument le cri de tout un peuple et qui donnent à la passion publique l’éclat et le retentissement du génie, Vergniaud, dans la séance du 3 juillet, prit la parole, et, s’élevant pour la première fois au sommet de son éloquence, demanda, comme Sieyès son inspirateur et son ami, qu’on proclamât le danger de la patrie.