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à l’Assemblée. Il y menaçait énergiquement les factieux. Ces coups d’État, consistant en lettres déposées sur une tribune, échouèrent comme ils devaient échouer. C’est la main sur son épée qu’un général peut faire compter avec lui les factions. On n’obtient d’elles que ce qu’on leur arrache. Vergniaud, Brissot, Gensonné, Guadet, écoutèrent la lecture de cette correspondance dictatoriale avec le sourire du dédain.


VII

Ce voyage de La Fayette à Paris fut la seule tentative de dictature qu’il afficha dans sa vie. Le motif était généreux, le péril grand, les moyens nuls. De ce jour La Fayette, après avoir succombé dans une démarche ouverte, eut recours à d’autres plans. Sauver le roi, le faire évader de ce palais où il l’avait gardé deux ans, devint son unique pensée. Ce plan était conforme à toute la vie de La Fayette : maintenir l’équilibre entre le peuple et le roi de manière à les soutenir l’un par l’autre et à élever la liberté entre les partis. Mirabeau avait pressenti de loin cette politique de son rival. « Défiez-vous de La Fayette, avait-il dit à la reine dans ses dernières conférences avec cette princesse ; si jamais il commande l’armée, il voudra garder le roi dans sa tente. » La Fayette lui-même ne déguisait pas cette ambition de protectorat sur Louis XVI. Au moment même où il se dévouait au salut du roi, il écrivait à son