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triviales qui souillaient la rue profanent l’enceinte des lois. Les lambeaux de culottes pendant en trophées, la guillotine, la potence avec la figure de la reine suspendue, traversent impunément l’Assemblée ; des députés applaudissent, d’autres détournent la tête ou se voilent le front des deux mains ; quelques-uns, plus courageux, s’élancent vers l’homme qui porte le cœur saignant et forcent ce misérable, moitié par supplication, moitié par menace, de se retirer avec son emblème d’assassinat. Une partie du peuple regarde d’un œil respectueux l’enceinte qu’il profane, l’autre apostrophe en passant les représentants de la nation, et semble jouir de leur avilissement. Le cliquetis des armes bizarres de cette foule, le bruit des souliers ferrés et des sabots sur le pavé de la salle, les glapissements des femmes, les voix des enfants, les cris de : « Vive la nation ! » les chants patriotiques, les sons des instruments assourdissent l’oreille. L’aspect des haillons contraste avec les marbres, les statues, les décorations de l’enceinte. Les miasmes de cette lie en mouvement corrompent l’air et suffoquent la respiration. Il était trois heures quand les traînards de l’attroupement eurent défilé. Le président se hâta de suspendre la séance dans l’attente des prochains excès.


XVI

Mais des forces imposantes paraissent disposées dans les cours des Tuileries et dans le jardin pour défendre la de-