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admis devant vous. — Que parlez-vous, répond Guadet, de désobéissance à la loi, puisque vous y avez si souvent dérogé vous-même ? Vous commettriez une injustice révoltante, vous ressembleriez à cet empereur romain qui, pour trouver plus de coupables, fit écrire les lois en caractères tellement obscurs, que personne ne pouvait les comprendre ! »

La députation des insurgés entre à ces dernières paroles, au milieu des applaudissements et des murmures d’indignation qui se partagent l’Assemblée.


XIV

L’orateur de la députation, Huguenin, lit la pétition concertée à Charenton. Il déclare que la ville est debout, à la hauteur des circonstances, prête à se servir des grands moyens pour venger la majesté du peuple. Il déplore cependant la nécessité de tremper ses mains dans le sang des conspirateurs. « Mais l’heure est arrivée, dit-il avec une apparente résignation au combat, le sang coulera ; les hommes du 14 juillet ne sont pas endormis, s’ils ont paru l’être ; leur réveil est terrible : parlez, et nous agirons. Le peuple est là pour juger ses ennemis ; qu’ils choisissent entre Coblentz et nous ! qu’ils purgent la terre de la liberté ! Les tyrans, vous les connaissez ; le roi n’est pas d’accord avec vous, nous n’en voulons d’autre preuve que le renvoi des ministres patriotes et l’inaction de nos armées. La tête du peuple ne vaut-elle donc pas celle des rois ? Le sang