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promit de leur rendre avant peu leur patrie et leur rang. Ils l’appelaient d’avance le héros du Rhin et le bras droit des rois.

Tout prenait un aspect militaire. Les deux princes de Prusse, cantonnés dans un village voisin de Coblentz, n’avaient qu’une chambre et couchaient sur la terre. Le roi de Prusse était accueilli sur toutes les rives du Rhin au bruit des salves de canon de son artillerie. Dans toutes les villes qu’il traversait, les émigrés, les populations et ses troupes le proclamaient d’avance le sauveur de l’Allemagne. Son nom, écrit dans des illuminations en lettres de feu, était couronné de cette devise adulatrice : Vivat Villelmus, Francos deleat, jura regis restituat ! « Vive Guillaume, l’exterminateur des Français, le restaurateur de la royauté ! »


XII

Coblentz, ville située au confluent de la Moselle et du Rhin dans les États de l’électeur de Trèves, était devenue la capitale de l’émigration française. Un rassemblement croissant de vingt-deux mille gentilshommes s’y pressait autour des sept princes de la maison de Bourbon émigrés. Ces princes étaient le comte de Provence et le comte d’Artois, frères du roi ; les deux fils du comte d’Artois, le duc de Berri et le duc d’Angoulême ; le prince de Condé, cousin du roi ; le duc de Bourbon, son fils, et le duc d’Enghien,