Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duc de Brunswick par Custine au nom du parti monarchique de l’Assemblée. La franc-maçonnerie, cette religion souterraine dans laquelle étaient entrés presque tous les princes régnants de l’Allemagne, couvrait de ses mystères de secrètes intelligences entre la philosophie française et les souverains des bords du Rhin. Frères en conjuration religieuse, ils ne pouvaient pas être des ennemis bien sincères en politique. Le duc de Brunswick était au fond du cœur plus citoyen que prince, plus Français qu’Allemand. L’offre d’un trône à Paris avait chatouillé son cœur. On combat mal un peuple dont on espère être le roi, et une cause que l’on veut vaincre, mais que l’on ne veut pas perdre : telle était la situation d’esprit du duc de Brunswick. Consulté par le roi de Prusse, il conseillait à ce monarque de tourner ses forces du côté de la Pologne et d’y conquérir des provinces, au lieu de conquérir des principes en France.


VI

Le plan de Dumouriez était de séparer, autant que possible, la Prusse de l’Autriche, pour n’avoir affaire qu’à un ennemi à la fois. L’union de ces deux puissances, rivales naturelles et jalouses, lui paraissait tellement contre nature, qu’il se flattait de l’empêcher ou de la rompre. La haine instinctive du despotisme contre la liberté trompa toutes ses prévisions. La Russie, par l’ascendant de Catherine, força la Prusse et l’Autriche à faire cause commune contre la