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Nous ne croyons rien de ces infamies ; nous ne vous croyons pas complice de Marat, qui vous offre la dictature. Nous ne vous accusons pas d’imiter César se faisant présenter le diadème par Antoine ! Non ; mais prenez-y garde ! parlez de vous-même avec moins de complaisance ! Nous avons dans le temps aussi averti La Fayette et Mirabeau, et indiqué la roche Tarpéienne pour les citoyens qui se croient plus grands que la patrie. »


III

« Les misérables ! répondait Marat, qui alors se couvrait encore du patronage de Robespierre, ils jettent leur ombre sur les plus pures vertus ! Son génie les offusque. Ils le punissent de ses sacrifices. Ses goûts l’appelaient dans la retraite. Il n’est resté dans le tumulte des Jacobins que par dévouement à son pays ; mais les hommes médiocres ne s’accoutument point aux éloges d’autrui, et la foule aime à changer de héros.

» La faction des La Fayette, des Guadet, des Brissot, l’enveloppe. Ils l’appellent chef de parti ! Robespierre chef de parti ! Ils montrent sa main dans le trésor honteux de la liste civile. Ils lui font un crime de la confiance du peuple, comme si un simple citoyen sans fortune et sans puissance avait d’autre moyen de conquérir l’amour du peuple que ses vertus ! Comme si un homme qui n’a que sa voix isolée au milieu d’une société d’intrigants, d’hypo-