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le ministère, j’ai cru devoir les remplacer par des hommes accrédités par leurs opinions populaires. Vous m’avez si souvent répété que ce parti était le seul moyen de parvenir au rétablissement de l’ordre et à l’exécution des lois, que j’ai cru devoir m’y livrer, afin qu’il ne reste plus de prétexte à la malveillance de douter de mon désir sincère de concourir à la prospérité et au vrai bonheur de mon pays. J’ai nommé au ministère des contributions M. Clavière, et au ministère de l’intérieur M. Roland. La personne que j’avais choisie pour ministre de la justice m’ayant demandé de faire un autre choix, lorsque je l’aurai fait, j’aurai soin d’en informer l’Assemblée nationale…

 » Signé : Louis. »


L’Assemblée reçut avec acclamations ce message. Maîtresse du roi, elle pouvait en faire un instrument de régénération. L’harmonie la plus parfaite paraissait régner dans le conseil. Le roi étonnait ses nouveaux ministres par son assiduité et son aptitude aux affaires. Il parlait à chacun sa langue. Il questionnait Roland sur ses ouvrages, Dumouriez sur ses aventures, Clavière sur les finances ; il éludait les questions irritantes de la politique générale. Madame Roland reprochait ces causeries à son mari ; elle l’engageait à utiliser le temps, à préciser les discussions et à en tenir registre authentique pour sauver un jour sa responsabilité. Les ministres convinrent de se réunir chez elle à dîner quatre fois par semaine, avant le conseil, pour y concerter leurs actes et leur langage devant le roi. C’est dans ces conseils intimes que Buzot, Guadet, Vergniaud, Gensonné, Brissot, soufflaient aux ministres l’esprit de leur parti, et régnaient anonymes sur l’Assemblée et sur le roi. Dumou-