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vent être graves comme le temps. Ce sont les ennemis de la Révolution qui la poussent à ces frivolités pour avoir le droit de l’accuser ensuite de légèreté et d’inconséquence. Ils donnent ainsi au patriotisme les apparences d’une faction. Ces signes divisent ceux qu’il faut rallier. Quelle que soit la vogue qui les conseille aujourd’hui, ils ne seront jamais universellement adoptés. Tel homme passionné pour le bien public sera très-indifférent à un bonnet rouge. Sous cette forme, la liberté ne sera ni plus belle ni plus majestueuse ; mais les signes mêmes dont vous la parez serviront de prétexte aux divisions entre ses enfants. Une guerre civile commençant par le sarcasme et finissant par du sang versé peut s’engager pour une manifestation ridicule. Je livre ces idées à vos réflexions. »


XV

Pendant la lecture de cette lettre, le président, homme timoré et qui pressentait dans les conseils de Pétion la volonté de Robespierre, avait subrepticement fait disparaître de son front le signe répudié. Les membres de la société imitaient un à un son exemple. Robespierre, qui seul n’avait jamais adopté ce hochet de la mode, et avec lequel la lettre de Pétion avait été concertée, monte à la tribune et dit : « Je respecte comme le maire de Paris tout ce qui est l’image de la liberté, mais nous avons un signe qui nous rappelle sans cesse le serment de vivre libres ou de mourir,