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dissipé les ennemis armés contre nous par ses prédécesseurs et par les conjurés qui dirigent encore aujourd’hui le gouvernement malgré l’expulsion de quelques ministres, alors, seulement alors, je serai disposé à lui décerner les éloges dont il sera digne, et même alors je ne penserai point que tout bon citoyen de cette société ne soit pas son égal. Le peuple seul est grand, seul respectable à mes yeux ! les hochets de la puissance ministérielle s’évanouissent devant lui. C’est par respect pour le peuple, pour le ministre lui-même, que je demande que l’on ne signale pas son entrée ici par des hommages qui attesteraient la déchéance de l’esprit public. Il nous demande des conseils aux ministres. Je promets pour ma part de lui en donner qui seront utiles à eux et à la chose publique. Aussi longtemps que M. Dumouriez, par des preuves de patriotisme, et surtout par des services réels rendus à la patrie, prouvera qu’il est le frère des bons citoyens et le défenseur du peuple, il n’aura ici que des soutiens. Je ne redoute pour cette société la présence d’aucun ministre, mais je déclare qu’à l’instant où un ministre y aurait plus d’ascendant qu’un citoyen, je demanderais son ostracisme. Il n’en sera jamais ainsi ! »

Robespierre descend. Dumouriez se jette dans ses bras. L’assemblée se lève, les tribunes scellent de leurs applaudissements ces embrassements fraternels. On y voit l’augure de l’union du pouvoir et du peuple. Le président Doppet lit, le bonnet rouge sur la tête, une lettre de Pétion à la société sur la nouvelle coiffure adoptée par les patriotes. Pétion s’y prononce contre ce signe superflu de civisme. « Ce signe, dit-il, au lieu d’accroître votre popularité, effarouche les esprits et sert de prétexte à des calomnies contre vous. Le moment est grave, les démonstrations du patriotisme doi-