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MÉDITATIONS


En vain, dans ce désert aride,
Sous nos pas tout s’est effacé.
Viens : où l’éternité réside,
On retrouve jusqu’au passé.
Là sont nos rêves pleins de charmes,
Et nos adieux trempés de larmes,
Nos vœux et nos soupirs perdus.
Là refleuriront nos jeunesses ;
Et les objets de nos tristesses
À nos regrets seront rendus.

Ainsi, quand les vents de l’automne
Ont dissipé l’ombre des bois,
L’hirondelle agile abandonne
Le faîte du palais des rois :
Suivant le soleil dans sa course,
Elle remonte vers la source
D’où l’astre nous répand les jours,
Et sur ses pas retrouve encore
Un autre ciel, une autre aurore,
Un autre nid pour ses amours.

Ce roi dont la sainte tristesse
Immortalisa les douleurs,
Vit ainsi sa verte jeunesse
Se renouveler sous les pleurs.
Sa harpe, à l’ombre de la tombe,
Soupirait comme la colombe
Sous les verts cyprès du Carmel ;
Et son cœur, qu’une lampe éclaire,
Résonnait comme un sanctuaire
Où retentit l’hymne éternel.