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MÉDITATIONS


Il s’est enveloppé de son divin courroux ;
Il a fermé ma route, il a troublé ma voie ;

Mon sein n’a plus connu la joie,

Et j’ai dit au Seigneur : Seigneur, souvenez-vous,

Souvenez-vous, Seigneur, de ces jours de colère ;
Souvenez-vous du fiel dont vous m’avez nourri !

Non, votre amour n’est point tari :

Vous me frappez, Seigneur, et c’est pourquoi j’espère.

Je repasse en pleurant ces misérables jours ;
J’ai connu le Seigneur dès ma plus tendre aurore :

Quand il punit, il aime encore ;

Il ne s’est pas, mon âme, éloigné pour toujours.

Heureux qui le connaît ! heureux qui, dès l’enfance,
Porta le joug d’un Dieu clément dans sa rigueur !

Il croit au salut du Seigneur,

S’assied au bord du fleuve, et l’attend en silence.

Il sent peser sur lui ce joug de votre amour ;
Il répand dans la nuit ses pleurs et sa prière,

Et, la bouche dans la poussière,

Il invoque, il espère, il attend votre jour.




Silence, ô lyre ! et vous, silence,
Prophètes, voix de l’avenir !
Tout l’univers se tait d’avance
Devant celui qui doit venir.
Fermez-vous, lèvres inspirées ;
Reposez-vous, harpes sacrées,