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POÉTIQUES.

Viens donc ! il est mon guide, et je veux t’en servir
À ses ailes de feu, viens, laisse-toi ravir.
Déjà l’ombre du monde à nos regards s’efface :
Nous échappons au temps, nous franchissons l’espace ;
Et, dans l’ordre éternel de la réalité,
Nous voilà face à face avec la vérité !

Cet astre universel, sans déclin, sans aurore,
C’est Dieu, c’est ce grand tout, qui soi-même s’adore !
Il est ; tout est en lui : l’immensité, les temps,
De son être infini sont les purs éléments ;
L’espace est son séjour, l’éternité son âge ;
Le jour est son regard, le monde est son image :
Tout l’univers subsiste à l’ombre de sa main ;
L’être à flots éternels découlant de son sein,
Comme un fleuve nourri par cette source immense,
S’en échappe, et revient finir où tout commence.

Sans bornes comme lui, ses ouvrages parfaits
Bénissent en naissant la main qui les a faits ;
Il peuple l’infini chaque fois qu’il respire ;
Pour lui, vouloir c’est faire, exister c’est produire !
Tirant tout de soi seul, rapportant tout à soi,
Sa volonté suprême est sa suprême loi.
Mais cette volonté, sans ombre et sans faiblesse,
Est à la fois puissance, ordre, équité, sagesse.
Sur tout ce qui peut être il l’exerce à son gré :
Le néant jusqu’à lui s’élève par degré :
Intelligence, amour, force, beauté, jeunesse.
Sans s’épuiser jamais, il peut donner sans cesse ;
Et, comblant le néant de ses dons précieux,
Des derniers rangs de l’être il peut tirer des dieux !